MOKUSO

Le Mokuso est une phase importante de la pratique d’un art martial. Il se pratique au tout début de la séance et à la fin. Le Mokuso du début sert à faire le calme dans son esprit, à laisser le monde et ses problèmes et préoccupations à l’extérieur du Dojo, et à se concentrer sur la séance à venir. Le Mokuso de la fin sert à relâcher le corps et l’esprit de l’activité intense de la séance, à faire le vide et retrouver la sérénité. Le Mokuso est donc l’instant où le karatéka s’exerce à la maîtrise de son esprit en éliminant la plupart des perturbations physiques liées au contact avec l’environnement.

Mokuso signifie littéralement « penser en silence ». […] Les origines exactes du Mokuso ne sont pas connues. Il semble cependant que le Mokuso ait été introduit assez tôt dans les arts martiaux. Le Mokuso se pratique en Seiza. Les buts du Mokuso sont exprimés par l’expression « Kokyu wo totonoeru, kokoro wo totonoeru »
dans laquelle Kokyu est la respiration, Kokoro le coeur, l’esprit, et le verbe Totonoeru signifie arranger, ajuster mais aussi préparer. Il s’agit d’ajuster sa respiration et de se préparer mentalement avant le cours.

Ajuster sa respiration : ce qui est important c’est de se concentrer sur sa posture (dos bien droit en alignant bien la colonne vertébrale), et sur sa respiration. Respirer régulièrement est en général un exercice recommandé pour se détendre. De ce point de vue, il constitue une excellente introduction à une séance d’activité physique intense. Au signal du Mokuso, joindre les mains en coupe, paumes vers le haut, pouces joints tout en fermant les yeux. Le cycle de respiration se fait en 3 phases :

  • Inspiration : inspirez doucement par le nez, pendant 3 ou 4 secondes, en visualisant l’air descendant jusqu’à votre « tanden » (c’est le point situé à environ 3 cm sous votre nombril, à l’intérieur de votre corps; en quelque sorte, votre centre de gravité). Ceci permet une respiration profonde. Vos épaules ne bougent pas, c’est votre abdomen qui se gonfle sous la poussée du diaphragme qui s’abaisse; ceci vous donne un plus grand volume d’air qu’une respiration thoracique (en gonflant les poumons).

  • Maintien : à la fin de la phase d’inspiration, retenez l’air, visualisez le dans le tanden, pendant 2 à 3 secondes. Relâchez bien tous vos muscles, notamment les épaules, le visage, le cou, tout doit converger vers le tanden.
  • Expiration : Expirez très lentement par la bouche, légèrement entrouverte, pendant 10 à 15 secondes, en contrôlant le flux avec votre abdomen; plus l’expiration sera lente, plus l’impression de calme et de détente sera ressentie. N’expirez pas à fond, vous auriez une sensation d’asphyxie alors que tout doit se passer en douceur. Lorsque vos poumons sont vides sans contraction d’aucune sorte, vous recommencez le cycle d’inspiration. Respirez ainsi jusqu’au signal de fin « Mokuso yame ».

Vous pouvez, selon vos capacités respiratoires, modifier les durées indiquées ci-dessus, mais l’essentiel est de le faire sans effort, pour ne pas induire de tensions perturbatrices

Se préparer mentalement : beaucoup de pratiquants se demandent à quoi penser pendant le Mokuso. L’expérience montre que si on se concentre suffisamment sur sa respiration, il est difficile de penser à quelque chose, mais c’est un exercice difficile. Au bout d’un certain temps, votre esprit fera cela de manière presque automatique, c’est-à-dire qu’il y « pensera » moins, mais il aura quand même un fil ténu pour se raccrocher et ne pas diverger vers les pensées multiples qui attendent à la porte et ne demandent qu’à surgir et perturber notre belle sérénité. L’idée générale étant en quelque sorte de « purger » son esprit pour aborder le Keiko (le cours, le travail, la pratique, l’étude des choses anciennes) dans l’état d’esprit que les Japonais appellent « Mushin » (sans sentiment, sans pensée).