NOTIONS

BU :

Aussi MU : combat , guerrier, militaire.

Le premier sens qu’on lui donnait dans les temps anciens était celui d’ « arrêter la lance » donc de stopper la violence.

« BU » ne se conjugue pas seulement avec le sens d’opposition, de confrontation mais il est également synonyme d’harmonie de l’homme et de l’univers, d’empêchement de la confrontation. BU a donc deux sens opposés.

C’est pourquoi la voie des arts martiaux (BUDO) est celle qui à travers la pratique du combat (premier sens de BU) doit amener à l’harmonie (deuxième sens de BU) donc à la paix.

En ce sens la pratique de ces arts dans leurs formes et leur esprits traditionnels s’avère une réelle science de l’éducation de l’individu qui n’a rien à voir avec les expressions sportives de ces arts où n’a été retenu que le sens « confrontation » de BU.

BUDO :

« Voie du combat » ou « voie du guerrier ». De BU (martial) et DO (voie). Désigne l’ensemble des arts martiaux japonais pratiqués en tant que Voies (DO ou MICHI) éthiques , chemins de perfectionnement de l’homme en quête de soi-même.

Les gestes et comportements guerriers tels qu’ils s’expriment en Aikido , Judo , Aido Kendo etc … empreints de cette optique descendant des techniques guerrières prises dans leur vocation primitive sur les champs de bataille .Ils sont le résultat d’une longue évolution historique.

Suite à la fin des guerres civiles incessantes en 1603 , s’ensuit une longue paix jusqu’en 1868. Les anciennes techniques guerrières furent dérivées de leur véritable fonction et l’esprit belliqueux du samouraï devint peu à peu un esprit docile sublimant l’art de la guerre n’en retenant plus que les règles et les principes d’entrainement.

La pratique des armes tendit vers des buts d’éducation et d’éthique plus que vers un stade d’achèvement physique : en évoluant de la technique (jutsu) à la voie (do). Les anciennes méthodes bassement utilitaristes devinrent véritablement des arts martiaux rituels.

La nouvelle raison d’être de ces arts tout imprégnés de philosophie et d’éthique Zen devenait le travail du pratiquant sur lui-même , à la recherche de la maitrise de soi à travers le geste gratuit. La recherche était plus spirituelle que physique.

A travers l’apprentissage des techniques (Waza) et du geste parfait , le pratiquant développe son énergie vitale (KI) mais se forge surtout un nouvel état d’esprit (SHIN) fait de maitrise de soi et de contrôle et qui le détourne de la violence à travers laquelle il s’est en quelque sorte formé.

Le chemin de l’art martial authentique est donc une voie éducative celle de la paix et de la non-violence.

Il y a dans tout art du Budo trois composantes intimement liées dont la proportion varie en fonction de l’âge et du niveau dans la progression du pratiquant :

Les éléments corporels (Tai)

Les éléments techniques (Gi)

Les éléments mentaux (Shin)

La méconnaissance de l’un comme de l’autre de ces composantes entrainerait le Budoka dans une fausse direction avec à terme la non-obtention de l’efficacité réelle témoin de la pratique systématique de la compétition sportive privilégiant les résultats externes apparents au détriment de la recherche interne qui est la véritable motivation du Budoka.

SHIN GI TAI :

Les trois éléments qui dans la pratique d’un art martial classique (BUDO) amènent l’efficacité :

Ce qui procède du mental (SHIN)

Ce qui vient de la technique (GI)

Ce qui est apporté par les aspects corporels (TAI)

On leur donne parfois aussi le sens de CIEL (Shin) , TERRE (Gi) et HOMME (Tai). Il s’agit des trois aspects d’un Tout et l’on ne peut toucher à l’un sans toucher aux autres. Leur intégration est la manifestation de la maitrise sur la voie.

Shingi-ittai : « esprit et technique ne font qu’un » : expression due à Yamaoka Tesshu expert du sabre (Ken-jutsu) pour souligner que l’habileté technique est inséparable du développement spirituel de celui qui y prétend.

KARATE-DO :

« Voie (Do) de la main (Te) vide (Kara) » , art japonais de combat à main nue , issu d’une synthèse okinawaienne (Okinawa-te) de méthodes locales (Tode) et d’apport chinois (Quan-fa). L’évolution , la maturation et le transfert du Karaté sous forme de plusieurs styles de base se sont faits à partir du XVIIième siècle jusqu’au début du XX ième siècle.

C’est dans la phase finale de ce transfert que l’interprétation de « Kara-te » changea , de « technique chinoise » ( Kara pour ce qui venait de la Chine des tang ) en « main vide » (Kara pour Ku c’est-à-dire vide).

L’adjonction du suffixe « Do » ( voie) rappelle que désormais l’ancienne technique de combat à main nue est par-dessus tout une discipline du corps et de l’esprit , un cheminement interne qui doit permettre au Karatéka (budoka) de trouver son chemin vers l’ Etre intérieur.

SHOTOKAN :

Style de Karaté de Funakoshi Gichin qui introduit dans les années 1920 au Japon une technique d’origine Shuri-te : le Shotokan « Ecole de la maison (Kan) du Shoto ( Shoto étant le nom de plume de Funakoshi également poète et calligraphe) ».

KATA :

Aussi Kei , Gyo : Forme , moule , canevas.

Désigne dans les arts martiaux traditionnels (Budo , Bu-jutsu) une séance de techniques dont le déroulement reproduit un schéma de combat contre un ou plusieurs adversaires attaquant sous des angles différents.

Kata , transmission de la tradition

L’élément central de la tradition dans les arts martiaux liant directement ce qui est pratiqué aujourd’hui à ce qui le fut autrefois techniquement et spirituellement est le Kata. Chaque école (Ryu) possède ses Katas transmis par des générations de maitres . Les Katas constituent en quelque sorte les archives d’un art martial , le vivant testament ou code gestuel qu’il faut savoir pénétrer pour toucher à l’essence de l’art. On les appelait autrefois « trésors infinis » car on les considérait comme de véritables clés pour la connaissance.

La connaissance profonde des Katas est essentielle car ils ne sont pas seulement un langage du corps , ils sont aussi cheminements créateurs d’émotions …. Les Katas proposent plusieurs niveaux de lecture et d’interprétation (Bunkai) accessibles ou non en fonction du niveau de celui qui l’interprète. Il ouvre au pratiquant un champ d’investigation qui dure toute sa vie. Il est une manière d’apprendre , puis de ne pas oublier , une façon aussi de maintenir en vie les « techniques mères » celles qui existaient à l’origine et dont découlent celles d’aujourd’hui.

Le Kata reste la source , la référence , le lien entre les générations. Le Kata séquence de mouvements formels où les rôles sont distribués de façon immuable a une double fonction : garder et transmettre à la fois l’œuvre et l’esprit et un troisième rôle : être dans ce moule dans lequel l’homme commence à se couler dans une rigidité apparente pour mieux un jour, imprégné des valeurs transmises par ce cadre contraignant, s’en affranchir et se recréer… C’est en ce sens que l’on peut dire qu’un Kata est à la fois l’énoncé d’une grammaire de base et la pratique d’une composition libre.

Kata clé de la connaissance :

Comme on peut regarder sans voir , écouter sans entendre on peut faire un Kata sans le vivre. C’est alors la reproduction inutile d’une chose morte , sans signification. Le Kata à travers un certain langage du corps exprime quelque chose d’essentiel : Permettre de retrouver quelque chose d’intérieur , de profondément enfoui en soi , une unité corps-esprit de l’homme perdu à mesure qu’il a perdu sonanimalité. Le Kata est une voie d’accès à une sensibilité qui débouche sur une meilleure compréhension des êtres et des choses.

Le Kata c’est une histoire , avec un début et une fin , plusieurs niveaux de lecture et d’interprétation , des potentialités à l’infini , c’est un cheminement créateur d’émotions comme ces musiques sacrées qui finissent par imprégner tout le corps jusqu’à la moelle des os pour le faire communiquer avec ce que les initiés appellent l’ « ultime vérité ».

Mais ne décrypte pas qui veut.

Il y a une trame évidente mais aussi des fausses pistes laissées là pour induire en erreur ceux qui ne savent que copier et qui ne doivent jamais avoir accès à l’essentiel. Il y a un coté caché (Okuden) , secret dans le Kata , des lacunes dans les enchaînements laissées là volontairement , brouillard pour qui ne doit pas avoir accès à l’Essence rendant les interprétations (Bunkai) fragiles.

Le Kata n’est pas seulement une chorégraphie de combat aux finalités strictement physiques , il est un processus de déstructuration de la pensée discursive ,un rébus d’où peut venir le Satori ( sorte d’acquisition du sixième sens) , la brutale prise de conscience , l’illumination à l’instant où l’on s’y attendait le moins engagé tout entier dans la violence de l’action.

Le Kata étudié sous son angle le plus hermétique est une sorte de révélateur , un moyen de conditionnement qui fera ou ne fera pas, si on ne lui laisse pas le temps d’agir en profondeur , que ce « hasard » arrive. Ce conditionnement opère au niveau mental (degré de complexité des situations et des techniques d’où accélération de la pensée , concentration de la volonté puis action instinctive, à la limite du résultat initialement recherché) ainsi qu’aux niveaux physiques et physiologiques (degré de difficulté des techniques , rythme imposé par des changements de situation d’où succession d’accélération ou de détentes au niveau respiratoire et cardiaque , rythme contrariant également le flux de la pensée « classique » utilisée dans les circonstances habituelles de la vie.

Dans le cade des arts martiaux on trouve deux idéogrammes qui nous intéressent pour écrire le mot Kata :

L’un qui signifie « forme , apparence, type » étymologiquement « tracer avec le pinceau une ressemblance exacte »

L’autre qui signifie « type , modèle ,moule » étymologiquement « forme originale faite en terre » . Cet idéogramme a également le sens de trace laissée , forme idéale , loi , habitude.

Dans ces deux graphies le mot Kata évoque donc à la fois l’image d’une forme idéale à reproduire ainsi que la fixation et la transmission de connaissances ayant pour base une gestuelle codifiée .

Le Kata est donc une forme qui contient un message à découvrir de nature à former un pratiquant au combat mais Kata et combat sont différents ( Rechercher la perfection en Kata ,le combat réel est une autre affaire).

Un Kata est souvent un rébus avec ses clés d’accès. Il y a des niveaux de bunkai (compréhension) , de l’élémentaire au plus élaboré qu’il faut avec le temps et la patience trouver « derrière » les apparences (Gokuhi).Le Kata recèle parfois de véritables pièges pour la compréhension authentique, celle qui permet de faire la technique de manière réellement efficace en combat ou dans ses effets thérapeutiques ( le Kata est aussi un processus technique permettant le développement et la gestion de l’énergie interne, avec effets directs sur la santé).

On peut donc admettre que de nombreuses techniques apparaissant dans un Kata ont un bunkai qui change avec la manière d’exécuter le kata , donc avec son expérimentation dans le temps .

Dans cette optique le Kata est un message vivant qui accompagne une vie de recherche

Le Bunkai ou application du kata en situation pratique est un peu le mode d’emploi des formes codifiées appelées Katas.

BUNKAÏ :

Interprétation d’une technique d’art martial à partir du Kata dans ses diverses formes d’application pratiques (Bun= fragment , Kai =analyse).

C’est le terme générique utilisé lorsque l’on fait référence aux applications des mouvements qui se trouvent dans les Katas.

Pour le Karatéka , Bunkai est l’action de rechercher , d’analyser, de donner du sens à des mouvements extraits d’un kata qui sert de guide.

En fait ce mot fait référence au processus de recherche et d’analyse. Lorsque l’on trouve une solution à un problème posé dans le kata on obtient un bunkai.

Pendant ce processus on cherche à dégager un ou des principes sur lesquels s’appuie le Bunkai.

Sa forme est par principe proche de la séquence étudiée dans le Kata.

Après le travail de Bunkai on peut sortir du cadre formel du Kata et donner aux techniques une autre dimension voire les modifier tout en respectant le principe démontré. La similitude avec le Kata n’a plus vraiment d’importance , ce qui prime alors c’est l’efficacité de l’application , son utilité en combat.

ART MARTIAL :

L’art martial peut se concevoir comme la pratique d’un ensemble de techniques de combat mais ne peut se résumer à cela.

Le combat est inhérent à la nature humaine. D’abord empiriques les techniques de combat ont évolué , se sont enrichies, systématisées. Les peuples civilisés ont pris peu à peu conscience de l’importance de posséder une armée puissante. Car la guerre peut entrainer la souveraineté de certains peuples tout autant que la disparition ou l’asservissement d’autres. Le progrès technique est mis au service des moyens militaires ; Les armes blanches remplacent les armes du corps , les armes à feu renvoient les épées à un autre époque , l’arme nucléaire ridiculise le fusil…

Arts de la guerre , héritage d’un savoir acquis sur les champs de bataille pourquoi continuer à pratiquer ces techniques d’un autre temps et d’un autre monde ?

Parce que la richesse des arts martiaux est immense !!!

Richesse historique : Certaines techniques ont été élaborées il y a plusieurs siècles et transmises de génération en génération et à nous occidentaux de prendre place dans ce processus de l’histoire des arts martiaux.

Richesse technique :l’application purement pratique de mouvements expérimentés au combat peut permettre à un certain niveau de faire face à certaines agressions de la vie moderne.

Richesse philosophique, morale : Il faut mettre de coté notre sensibilité judéo-chrétienne qui oppose le combat à l’art , à la philosophie ou même à l’amour ( Maitre Mochizuki écrivit : « je doute qu’un occidental puisse un jour comprendre comment grâce à un art destiné à tuer on puisse s’élever »).

L’art martial préservant son enracinement dans la culture orientale est un puit sans fond de réflexions , de propositions et de projets visant à l’harmonie universelle. Il s’agit grâce à la pratique , de mieux se connaître , de s’affirmer , de ne plus avoir peur de l’autre et donc de se rapprocher de lui.

La répétition inlassable du geste devenu gratuit dans une composition personnelle est un moyen de tendre vers la connaissance et la maîtrise de soi , donc vers la disponibilité et l’ouverture à autrui.

Valeurs éducatives : Liées évidemment à l’initiation à une philosophie , brièvement décrite plus haut, prônant l’ouverture , mais aussi au travers du respect d’un certain nombre de règles , rigides et condition sine qua non d’une étude sérieuse des arts martiaux.

L’éducation physique au travers de l’entraînement régulier est une vertu supplémentaire des arts martiaux.

GOSHIN-DO :

« Voie de la protection de soi-même ». Méthode de self-défense. Plusieurs systèmes développés dans le dernier tiers du XXième siècle à partir de techniques de Karaté, Aïkido et Judo.

ZAREÏ :

« Salut » (Rei) en position agenouillée (Za ou Seiza)

Les deux mains se posent simultanément : confiance totale envers la personne que l’on salue.

Les deux mains se posent avec décalage : Méfiance , main droite après main gauche prête à dégainer

Les mains en triangle , bout des index et pointes des pouces écartées se touchant de sorte à former une protection pour le nez et le visage en cas de coup sur la nuque.

Au commandement d’un sempai :

« Sei-retsu » (alignez-vous)

« Seiza » (à genoux)

« mokuso » (concentration)

« Shomen-ni-rei » (salut en direction de la place d’honneur du dojo)

« Sensei-ni-rei » (salut au professeur)

« Otagai-ni-rei » (salut entre élèves)

« kiritsu » (on se relève)

« Rei » (saluez)

DAN :

« Degré , niveau » . Désigne également les grades supérieurs dans la progression technique et mentale d’un pratiquant d’arts martiaux selon une classification japonaise qui va du niveau de débutant à la reconnaissance de la maîtrise (système Kyudan) . Le système est inspiré des hiérarchies militaires et universitaires de la fin du XIXième au japon.

L’attribution d’un Dan intervient lorsque l’élève a gravi les échelons des grades inférieurs (Kyu) .

Grades YUDANSHA : (1ièr au 4 ième dan ) : grades des experts

Shodan = étudiant

Nidan = disciple

Sandan = disciple confirmé

Yondan = expert

Grades KODANSHA : ( grades de la connaissance : kokoro) grades des maitres

Godan = titre de Renshi (30 ans au moins , instructeur expert, celui qui est droit)

Rokkudan = titre de Renshi (35 ans au moins , professeur)

Grades de la maturité : Iko-kokoro ,titres de maitrises

Shichidan = titre de Kyoshi (42 ans au moins , homme de transmission)

Hachidan = titre de Kyoshi (50 ans au moins)

Kudan = titre de Hanshi (60 ans au moins , maitre , homme qui donne )

Judan = titre de Shihan , (70 ans au moins , maitre d’art, homme à imiter)

Titre de Honto No Shian/Meijin: “Homme accompli”

Rédacteur : Pascal Bonnet