Jion
Comme le rappelle Gilbert Gruss, certains kata supérieurs ont servi de base pour élaborer les cinq heian qui sont une évolution des cinq pinan créés par Anko Itosu dans l’école Shorin ryu. C’est la raison pour laquelle on retrouve certaines techniques particulières comme le manji uke (ou manji gamae) dans heian godan.
La technique est assez simple à réaliser et on la retrouve dans de nombreux kata supérieurs : Jion, bassai dai, kanku dai… Manji est le nom japonais du svastika (croix à branches coudées) d’origine bouddhiste et hindou – La position du corps en manji uke rappelle une des branches de cette croix. Un bras effectue un gedan barai tandis que l’autre fait un jodan uchi uke. Il s’agit a priori d’un double blocage (première variante) mais Gilbert Gruss en propose une interprétation originale dans deux autres variantes inspirées du jujitsu et de l’aikijutsu.
Première variante
Tori attaque maete chudan bras droit. Uke bloque gedan barai bras gauche (première partie du manji uke) en s écrasant sur l’arrière tout en enroulant le bras. Tori riposte gyaku jodan. Uke dévie l’attaque avec uchi uke jodan bras droit (deuxième partie du manji uke). Puis en effectuant un petit saut (yuri hachi) sur le côté pour se rapprocher, Uke frappe kagi zuki bras droit, tout en choquant de sa main gauche, le dos de son adversaire.
Seconde variante
La situation d’attaque est identique à la première variante, mais au lieu de frapper son adversaire en kaji zuki, Uke va se saisir de la main gauche de Tori pour enrouler son bras dans un mouvement continu, en décrivant un grand cercle, afin de le projeter. Au moment de l’enroulement Uke abaisse son centre de gravité pour faciliter la projection et effectue une traction constante vers le bas pour amplifier le déséquilibre de Tori.
Troisième variante
Cette troisième variante proposée par Gilbert Gruss à partir du manji uke s’apparente à une technique de jujitsu (ou de judo) que l’on appelle ippon seoi nage et qui correspond à une projection par-dessus l’épaule. Le mouvement consiste à rompre l’équilibre de Tori, de le charger sur le dos et à le faire basculer par-dessus l’épaule.
Tout en maintenant en hauteur, la main gauche de Tori après la seconde attaque, Uke s’enroule et vient placer son bras gauche sous l’aisselle gauche de Tori. En fléchissant les genoux, Uke abaisse son centre gravité et soulève son bras pour mettre Tori en déséquilibre. En effectuant une traction constante sur le bras gauche, Uke bascule son corps vers l’avant pour projeter son adversaire par-dessus l’épaule. Une fois au sol, Uke met Tori hors de combat par un tsuki au visage.
Commentaires : Jean-Luc Gaudet