COMPRENDRE LES CLÉS DU GOSHIN ( PROTECTION DU CORPS )
On regroupe sous le terme de « kansetsu-waza » l’ensemble des techniques d’attaques portées au niveau des articulations (clés, immobilisations, coups frappés). Ces techniques sont pratiquées par toutes les disciplines martiales à main nue pour se dégager, pour briser un membre, pour provoquer l’abandon d’un adversaire ou tout simplement pour le contrôler. Elles peuvent être utilisées pour amener un adversaire au sol ou pour le projeter. Le principe général est toujours celui-du levier à partir d’un point d’appui. La clé d’articulation est le plus souvent portée sur le bras (poignet et doigts, coude, épaule) de l’adversaire, mais peut également viser la jambe (cheville ou genou) ou le cou (cervicales). Ces techniques s’exécutent le plus souvent en position debout, mais elles peuvent servir également pour se dégager si on est amené au sol. Le karaté ancien ou Tode était riche en techniques de défense avec clés d’articulation souvent issues de la boxe chinoise (ou qin-na) car on n’envisageait à l’époque que le corps à corps. Le karaté moderne repose quant à lui davantage sur les techniques de coups frappés pied/poing sur moyenne ou longue distance en attaque. Il existe différentes techniques en fonction des coups et des saisies. Plutôt que d’apprendre une clé spécifique par saisie, l’idéal serait de maîtriser parfaitement 3 ou 4 clés à partir de quelques principes de base pour se sortir de toutes les situations quelle que soit la morphologie de l’agresseur. A partir d’un même geste technique, il existe une infinité d’applications. Dans les diverses clés, on cherche à mettre le bras de l’adversaire en hyper-extension ou en hyper flexion, par torsion ou par retournement du bras sur son axe tout en effectuant des pressions sur certains points sensibles (kyusho) selon 4 principes :
La torsion de l’articulation doit aller au-delà de ses possibilités naturelles (vertèbres, poignets, chevilles).
L’hyper-extension doit dépasser les limites physiologiques (doigts, coudes, épaules, genoux, vertèbres).
L’hyper-flexion excessive est plus douloureuse si on interpose un obstacle au creux de l’articulation (genoux, coudes, poignets, pouces).
Pour être efficace, la mobilisation d’une articulation doit agir sur un axe non morphologique (doigts, coudes, genoux).
Exemple d’hyper-extension du bras, extrait des différents cahiers techniques
Exemple d’hyper- flexion du bras et du poignet extraits des différents cahiers techniques
Toute clé oblige celui qui la subit à exécuter un mouvement de retrait afin d’éviter la souffrance. Pour l’efficacité de la clé, il faut empêcher ce mouvement réflexe ; l’idéal est de placer une seconde clé qui impose un mouvement de libération divergent. Les mouvements d’échappatoire étant contradictoires, ils deviennent impossibles. Par exemple, la flexion du poignet, doigts vers le bas, entraîne la hausse du coude pour compenser la douleur, mais il suffit d’un doigt sur le coude pour empêcher son élévation.
En général, les clés sur les membres s’opèrent à l’extérieur de la garde adverse pour éviter un atemi ou une saisie du bras opposé.
Une clé (kansetsu) présente toujours une faiblesse : il suffit de trouver le mouvement du corps qui annihile la pression subie par l’articulation avant que celle-ci n’arrive à son terme.
La main est considérée d’un point de vue biomécanique comme une pince dont l’ouverture se trouve à l’extrémité des doigts entre le pouce et les autres doigts. Cette ouverture constitue le point faible et donc la voie de sortie de toute saisie à la main.
Les clés présentées ici utilisent la terminologie japonaise qui correspond grosso modo à celle que l’on trouve dans l’aïkido, le judo, le jujitsu, le karaté jutsu, le shorinji, le goshin…
PREMIER PRINCIPE : KOTE GAESHI ( RETOURNEMENT DU POIGNET )
(ko =revers/dos ; té = main ; gaeshi (ou kaeshi) du verbe kaeru = revenir, repartir, retourner.
Cette clé est un retournement du poignet en le mettant en hyper supination (sens antihoraire). Le poignet est amené sur l’extérieur et vers l’arrière à l’aide d’une main ou de deux mains en appuyant fortement avec le pouce sur le dos de la main de l’adversaire. Le maximum de la force de torsion doit être appliqué le plus rapidement possible sur la plus petite zone possible. Il convient donc de se focaliser sur le poignet en évitant d’exécuter un cercle trop important qui solliciterait d’abord l’articulation du coude adverse. La technique peut entraîner la projection de Tori en produisant un minimum d’effort.
Exemple : Dans cette situation, Tori saisit fermement de la main droite, le poignet gauche de Uke. Celui-ci fait alors pivoter sa main pour amener sa paume vers le haut. Le dos de la main de Tori se trouve maintenant dirigée vers le sol. Uke de la main droite vient placer son pouce sur le dos de la main de Tori en appuyant et les autres doigts viennent agripper son pouce pour faire une sorte de pince. Sous l’effet de la torsion antihoraire, Tori lâche la prise. Uke accentue alors la pression vers le bas avec son autre main en effectuant une rotation du bassin d’un coup sec.