Avec l’autorisation de Maître Gilbert Gruss
Une fois n’est pas coutume, puisque le traditionnel stage avec Gilbert Gruss a eu lieu cette année à Meximieux dans les nouvelles installations du Club. La première partie du stage (samedi soir) était réservée au collège des Ceintures Noires avec une découverte du tai chi et quelques-unes de ses applications martiales. La seconde partie (dimanche matin) était ouverte aux ceintures de couleurs et aux gradés avec un travail axé sur les transferts de poids de corps et sur les bunkai de quelques kata (heian nidan, heian godan, enpi).
Après un petit historique sur les différentes composantes du Tai chi chuan, Gilbert Gruss a proposé un premier travail d’échauffement à partir des huit pièces de brocart ou Ba duan jin . A l’origine, Il s’agissait d’une série d’exercices destinés à améliorer la santé et la vitalité des soldats au 12ème siècle. C’est à un certain général nommé Yue Fei que l’on doit la codification de ces exercices.
Ensuite, après avoir appris quelques fondamentaux du tai chi (déplacement, posture, respiration), plusieurs enchaînement puisés dans les « 24 mouvements de Pékin» ont servi de fil conducteurs, pour le travail à deux : séparer la crinière du cheval, la grue blanche déploie ses ailes, caresser l’encolure du cheval, la fille de jade lance la navette, saisir la queue de l’oiseau, jouer du pipa, reculer et repousser le singe…
On constate rapidement que les applications sont très variées avec des clés, des immobilisations, des frappes aux points vitaux, des projections… Il n’y a jamais de blocages proprement dit et l’action est toujours poursuivie par une autre.
Pour chaque exercice, Gilbert Gruss présente plusieurs variantes en montrant qu’à partir d’une situation de base, il y a une infinité de solutions. Il insiste cependant sur l’importance de la fluidité du mouvement, de la souplesse, de la décontraction et sur le fait de toujours garder le contact avec l’adversaire de manière à ne pas rompre l’énergie, sauf au moment de la phase finale.. On retrouve ici les explications que Pierre Sibille nous avait apportées lors de son stage à Péronnas. En procédant ainsi, l’énergie s’additionne et devient beaucoup plus destructrice qu’une suite de coups séparés, car chaque fois que l’on contracte un muscle, l’énergie ne circule plus. De plus, en gardant toujours la main, on évite les ripostes surprises de son adversaire.
Durant les exercices, Gilbert Gruss insiste beaucoup sur certains principes biomécaniques du corps humain en démontrant que les articulations (coude, genou, hanche) donnent les directions mais que les extrémités (mains ou pieds) sont l’expression finale du mouvement. A la racine se trouve toujours un point appui qui donne l’impulsion. Comparant le corps humain à une voiture, il illustre son propos en expliquant que les hanches correspondent au volant et que les mains représentent les roues.
Enfin, celui-ci explique qu’il est important d’utiliser la force de l’adversaire soit en l’amplifiant, soit en la retournant contre lui, un peu comme quand on se cogne contre un poteau. Mais pour que cela soit vraiment efficace, il ne faut pas attendre la fin de l’attaque, Il faut au contraire l’annihiler le plus tôt possible. La saisie d’un bras ou d’une jambe est beaucoup facile au départ de l’action qu’à la fin.
Le stage s’achève par l’apprentissage des 24 mouvements de Pékin et par quelques exercices de tui shou (mains poussantes). C’est un exercice dont le but est d’apprendre à écouter le partenaire, à travailler son équilibre, les esquives et les déviations des mouvements de l’adversaire.